Pourquoi les professions libérales sont si fortement touchées par la fiscalité
Quand on exerce une activité libérale, la fiscalité peut vite devenir un casse-tête. Qu’on soit avocat, médecin, architecte, consultant ou thérapeute, la facture fiscale peut s’alourdir très rapidement dès que les revenus augmentent. Et c’est normal : l’impôt sur le revenu est progressif, les charges sociales sont élevées, et les différents régimes imposables ne laissent pas toujours beaucoup de marge de manœuvre.
Pour 2024, de nombreuses stratégies permettent pourtant de réduire votre base imposable de façon légale, éthique et, surtout, efficace. Que vous soyez en BNC (bénéfices non commerciaux) ou que vous ayez opté pour l’impôt sur les sociétés via une SEL (Société d’exercice libéral), il existe différentes techniques pour diminuer l’imposition et optimiser vos revenus.
Optimiser ses charges professionnelles : une arme puissante mais souvent sous-estimée
Avant même de parler de dispositifs fiscaux compliqués ou d’investissements, il est impératif de bien connaître ce que vous pouvez passer en charges professionnelles. De nombreuses professions libérales ne déduisent pas tous les frais auxquels elles ont droit.
Voici quelques exemples de charges souvent négligées :
- Les formations professionnelles (en lien avec votre activité)
- Les abonnements numériques (outils, logiciels, plateformes professionnelles)
- L’achat de matériel informatique ou de bureau
- Les frais de déplacement et de mission
- Les repas professionnels (attention : plafonnés selon les règles de l’Urssaf)
En optimisant ce poste, vous réduisez mécaniquement vos bénéfices imposables. Veillez cependant à conserver toutes les justifications : notes, factures, relevés, etc. En cas de contrôle, tout devra être clair et traçable.
Le PER individuel : un outil de défiscalisation et de préparation à la retraite
Le Plan d’épargne retraite (PER) est l’une des meilleures stratégies de défiscalisation pour les professions libérales. Il permet de déduire les versements volontaires de votre revenu imposable dans la limite d’un plafond fiscal défini par l’article 163 quatervicies du Code général des impôts.
Pour 2024, le plafond de déduction est égal au plus élevé des deux montants suivants :
- 10 % des revenus professionnels de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le PASS (Plafond annuel de la Sécurité sociale), soit 35 194 € pour 2023 ;
- ou 10 % du PASS, soit environ 4 399 €.
En versant régulièrement sur un PER, vous préparez votre retraite tout en réduisant significativement votre imposition. Seule contrainte : les fonds restent bloqués jusqu’à la retraite, sauf cas de déblocage anticipé (accident de la vie, achat de résidence principale…).
L’investissement dans l’immobilier avec le dispositif LMNP
Le statut de Loueur en meublé non professionnel (LMNP) est particulièrement intéressant pour les professions libérales qui souhaitent investir dans l’immobilier tout en réduisant leur pression fiscale.
En LMNP au régime réel, vous pouvez déduire :
- Les intérêts d’emprunt
- Les frais de notaire
- Les charges de copropriété
- Et surtout, l’amortissement du bien et du mobilier
Résultat : avec un bon montage, vous pouvez ne pas payer d’impôt sur les loyers pendant plusieurs années. C’est une stratégie particulièrement prisée des professions libérales qui ont des revenus stables et souhaitent se constituer un patrimoine immobilier.
Pour rester dans les clous, mieux vaut être accompagné par un expert-comptable ou un cabinet de gestion de patrimoine ayant une expertise en fiscalité immobilière.
Monter une structure juridique adaptée à son activité
Au-delà du simple statut de profession libérale en nom propre, il peut être fiscalement avantageux de constituer une structure juridiques type SELARL ou SASU.
Pourquoi ? Parce que ces structures permettent d’opter pour l’impôt sur les sociétés, qui est souvent plus intéressant que l’impôt sur le revenu lorsque les bénéfices deviennent conséquents.
À titre d’exemple, en SASU, vous pouvez cumuler :
- Une rémunération partiellement déduite des charges sociales
- Le versement de dividendes (moins taxé que le revenu classique)
- Et la possibilité de lisser votre revenu tiré de l’activité
Cette stratégie doit être mise en œuvre avec l’aide d’un professionnel du droit ou d’un coach financier, car elle implique un changement de régime, une comptabilité plus complexe, et éventuellement la TVA.
Investir dans l’économie réelle : FIP, FCPI, Girardin et loi Madelin
En dehors des outils classiques, certaines professions libérales s’ouvrent à des investissements dans l’économie réelle. Ces placements permettent de soutenir l’économie tout en profitant d’une réduction immédiate d’impôt, parfois contre une prise de risque plus importante.
Voici quelques exemples pour 2024 :
- FIP et FCPI : réduction d’impôt sur le revenu jusqu’à 25 % du montant investi, plafonné à 12 000 € pour une personne seule (article 199 terdecies-0 A du CGI).
- Dispositif Girardin industriel ou logement social : jusqu’à 45 % de réduction d’impôt pour un apport dans des projets outre-mer (à forte rentabilité mais à risque de remise en cause en cas de défaut administratif).
- Contrat loi Madelin : réservé aux travailleurs non-salariés, peu utilisé mais peut encore être pertinent pour ceux qui l’ont ouvert avant la réforme du PER.
Attention cependant : ce sont des dispositifs complexes, avec souvent un risque de perte en capital ou de redressement fiscal en cas de montage mal ficelé. À utiliser avec discernement et après validation auprès d’un professionnel.
Les dons aux associations : un bon geste fiscal et solidaire
On y pense peu, mais faire un don peut à la fois soutenir une cause importante et alléger la facture fiscale. En effet, les dons à des associations reconnues d’utilité publique ou d’intérêt général permettent une réduction d’impôt allant :
- Jusqu’à 66 % du montant versé dans la limite de 20 % du revenu imposable (article 200 du CGI)
- Et même jusqu’à 75 % si le don est effectué au profit d’organismes d’aide aux personnes en difficulté
Un moyen simple, rapide et efficace de conjuguer altruisme et stratégie fiscale.
Un mot sur la gestion par anticipation
Si je peux donner un conseil clé à mes clients professionnels libéraux, c’est celui-ci : tout commence par l’anticipation. Plus on agit tôt dans l’année, plus les choix sont variés et efficaces. Attendre décembre pour « sauver les meubles » fiscalement conduit rarement à des résultats spectaculaires.
La défiscalisation est un art de la planification. On construit un puzzle stratégique en combinant placements, structure juridique, gestion des dépenses et vision à long terme.
Et surtout : toutes les solutions évoquées ici doivent être envisagées à la lumière de votre situation personnelle, de vos objectifs et de votre appétence au risque. Un bon conseil, c’est celui qui s’adapte à vous.
En 2024, les cartes sont entre vos mains. À vous de jouer stratégiquement !