Pourquoi l’inflation bouleverse votre stratégie patrimoniale
Depuis 2021, l’inflation s’est invitée à la table des Français comme un convive un peu encombrant. Augmentation du prix de l’énergie, flambée des denrées alimentaires, hausse des taux d’intérêt… L’indice des prix à la consommation (IPC), mesuré par l’INSEE, est reparti à la hausse, atteignant encore 4,9 % sur un an en 2023. Et même si une décrue est attendue en 2024, ne vous y trompez pas : l’inflation modifie en profondeur la manière dont votre patrimoine se comporte… et ce n’est pas toujours pour le meilleur.
Face à ce contexte, il devient urgent d’adapter votre stratégie patrimoniale. Placements, épargne, immobilier, crédit : tout est à revisiter. Alors, comment faire pour protéger sa richesse et continuer à bâtir son avenir financier dans un monde où l’argent perd de sa valeur d’année en année ? Je vous explique tout, avec quelques pistes très concrètes.
L’inflation, cet ennemi invisible de vos placements
L’inflation agit comme une érosion lente mais certaine de votre pouvoir d’achat. Si votre livret A affiche 3 % d’intérêt mais que l’inflation est à 5 %, vous perdez en réalité 2 % de valeur chaque année. C’est ce qu’on appelle un rendement réel négatif.
Voici quelques conséquences directes de l’inflation sur votre patrimoine :
- La dévalorisation de vos liquidités : L’argent non investi, ou placé à des taux inférieurs à l’inflation, perd en valeur tous les jours.
- Le rendement réel de vos placements baisse : Si vous détenez des produits à taux fixe (assurance vie en fonds euro, obligations, comptes à terme), leur rendement perd en attractivité.
- Les actifs tangibles prennent de la valeur : Immobilier, matières premières, actions de certaines entreprises résilientes deviennent des refuges recherchés.
Repenser son allocation d’actifs pour 2024
Dans ce contexte, il devient crucial d’ajuster son allocation d’actifs en privilégiant ceux qui résistent — voire profitent — de l’inflation. Voici quelques pistes à considérer dès maintenant :
- Les actions de sociétés solides : Les entreprises capables de répercuter la hausse des coûts à leurs clients sans trop entamer leur marge (distribution, luxe, énergie, santé) sont des candidates idéales pour le long terme.
- L’immobilier locatif : Avec un bon emplacement et une stratégie de gestion dynamique, l’immobilier permet d’indexer le loyer sur l’inflation (via l’IRL – Indice de référence des loyers), ce qui protège le rendement.
- Les matières premières et les métaux précieux : L’or, notamment, a toujours joué son rôle de valeur refuge en période d’inflation élevée.
- Les placements indexés sur l’inflation : Certains produits financiers (comme les Obligations indexées sur l’inflation – OATi en France) s’ajustent automatiquement à l’évolution des prix.
Épargne réglementée et inflation : le vrai-faux ami
Le Livret A a vu son taux récemment augmenter à 3 %, record depuis plus de 10 ans. Mais est-ce suffisant ? L’inflation annuelle restant supérieure à ce taux, la réponse est non. Néanmoins, ces produits (Livret A, LDDS, LEP) offrent une sécurité totale et une liquidité immédiate, utile en cas de besoin.
À noter : le Livret d’Épargne Populaire (LEP) est indexé de plus près sur l’inflation (5 % net début 2024) et reste donc une excellente solution pour les foyers éligibles.
Assurance vie : attention au fonds en euros
L’assurance vie, produit fétiche des Français, reste un outil puissant… à condition de savoir où mettre les pieds.
Les fonds en euros, longtemps considérés comme le « placement sans risque », voient leur rendement réel s’effriter dramatiquement en période d’inflation. En 2023, leur rendement moyen oscillait autour de 2,5 %, bien en-dessous des niveaux d’inflation. Au lieu de tout y loger, il serait judicieux de passer en gestion multisupports ou allocation dynamique, qui intègrent des unités de compte (UC), plus exposées mais potentiellement plus rentables.
Petite astuce : en choisissant des fonds thématiques adaptés à la conjoncture (climat, infrastructures, énergie, transition digitale), vous pouvez profiter des nouvelles dynamiques économiques tout en diversifiant vos risques.
L’effet inflation sur les crédits : opportunité ou piège ?
Paradoxalement, l’inflation rend le crédit plus attractif pour ceux qui ont déjà emprunté. Pourquoi ? Parce que vous remboursez un capital fixe avec de l’argent qui se dévalorise. En d’autres termes, votre dette coûte moins cher à long terme.
Si vous avez contracté un prêt immobilier à taux fixe entre 2015 et 2021 (autour de 1 %), vous avez réalisé une excellente opération sans même le savoir à l’époque. Vos mensualités restent identiques tandis que vos revenus — au moins en partie — peuvent suivre l’inflation.
En 2024, les taux restent hauts (autour de 3,5 % à 4 %), mais si la tendance s’inverse, ceux qui investissent maintenant pourraient être gagnants à long terme… à condition de verrouiller un bon taux fixe et de viser des rendements supérieurs avec leur investissement.
Diversification : la meilleure arme anti-inflation
Le mot-clé de toute bonne stratégie patrimoniale reste inchangé : diversification. C’est encore plus vrai en période d’incertitudes économiques et de tensions géopolitiques.
Plutôt que de chercher un placement miracle, mieux vaut construire un portefeuille équilibré, pensé pour absorber les chocs :
- Une part sécurisée pour la tranquillité d’esprit et les imprévus (liquidités, fonds euro, livrets, SCPI de rendement stables)
- Une part dynamique pour battre l’inflation (actions, immobilier locatif, ETF sectoriels)
- Une part alternative pour la diversification (or, private equity, cryptoactifs avec prudence)
Adapter sa stratégie patrimoniale avec méthode
Face à l’inflation, l’inaction est le vrai risque. Revoir sa stratégie patrimoniale, c’est un peu comme faire un bilan de santé : ce n’est pas toujours agréable, mais c’est essentiel pour éviter les mauvaises surprises.
Je recommande de procéder en plusieurs étapes :
- Faire un état des lieux : Quels sont vos actifs ? Vos passifs ? Vos objectifs à court et long terme ?
- Réévaluer votre taux d’effort : Quelle part de votre budget mensuel est dédiée au remboursement de prêts ou à l’épargne ?
- Redéfinir votre profil de risque : L’inflation peut justifier une plus grande prise de risque… à condition qu’elle reste maîtrisée.
- Arbitrer et rééquilibrer : Peut-être faudra-t-il solder certains placements trop conservateurs pour investir sur des classes d’actifs plus dynamiques.
Et si cet exercice vous semble complexe, pourquoi ne pas faire appel à un conseiller en gestion de patrimoine indépendant ? Avec lui, vous pourrez modéliser différents scénarios d’inflation, simuler des placements et ajuster vos choix en temps réel.
Enfin, souvenez-vous que l’objectif ultime n’est pas d’éviter l’inflation à tout prix (c’est impossible), mais de faire en sorte que votre patrimoine continue de croître malgré elle. Et pour cela, il existe des solutions nombreuses, encore faut-il oser les explorer !
